mardi 23 février 2016

Marcher dans la nuit




Autant en emporte le vent du moindre fait qui se produit, s'il est vraiment imprévu. Et qu'on ne me parle pas, après cela, du travail, je veux dire de la valeur morale du travail. Je suis contraient d'accepter l'idée du travail comme nécessité matérielle, à cet égard je suis on ne peut plus favorable à sa meilleure, à sa plus juste répartition. Que les sinistres obligations de la vie me l'imposent, soit, qu'on me demande d'y croire, de révérer le mien ou celui des autres, jamais. Je préfère, encore une fois, marcher dans la nuit à me croire celui qui marche dans le jour. L'événement dont chacun est en droit d'attendre la révélation du sens de sa propre vie, cet événement que peut-être je n'ai pas encore trouvé mais sur la voie duquel je me cherche, n'est pas au prix du travail.

André Breton, Nadja.


Une cure de fantaisie


Je me suis souvent abandonné des heures durant à toutes sortes de fantaisies quand on me croyait fort occupé. Je sentais bien l'inconvénient de cette habitude quant au temps perdu, mais sans cette cure de fantaisie, dont je faisais habituellement grand usage à la saison habituelle des cures thermales, je n'aurais pas atteint l'âge que j'ai maintenant, 53 ans et un mois et demi.

Georg Christoph Lichtenberg