lundi 29 février 2016

Sommeil rêvé


La douce langue natale


Que c'est justement dans cette atmosphère d'Autant en emporte le vent sur fond d'incendies planétaires et dans l'attente de la banqueroute générale qui doit se produire dans très peu de temps, où la peur s'affole de n'avoir nulle part où se cacher, que chaque instant peut prendre, ainsi détaché, cet éclat admirable, d'un sentiment si vif, complexe, presque douloureux ; et que c'est justement dans cette précipitation des circonstances, et l'écroulement de toutes les régularités et conventions de la vie sociale, dans ce trouble universel, que la civilisation se réfugie au fond de ces solitudes à deux, que l'amour recueille ce que l'affolement et la fièvre ne veulent plus : la confiance, le calme, la délicatesse, la civilité, l'amitié, le rire et l'intelligence réciproque ; qu'on y entend parler encore la douce langue natale.

Baudouin de Bodinat