mardi 5 juillet 2016

L'étoffe des grèves



"Le parti au pouvoir privé d’université d’été par quelques groupuscules de l’« ultra-gauche anti-démocratique » ? Voilà qui ne laisse pas de surprendre. D’autant que cette annonce survient précisément le lendemain d’une réunion de préparation, à Nantes, des opposants à ce raout, réunion où s’était pressée une foule bigarrée de syndicalistes, d’artistes, de zadistes, de Nuit Deboutistes, de militants, d’associatifs et autres ennemis de la « loi travaille ! ». Réunion, surtout, qui s’était tenue, comme il est de rigueur en plein état d’urgence, sous une scrupuleuse surveillance policière. Il faut dire que l’université d’été du PS allait se dérouler en même temps que les fêtes de l’Erdre, fêtes gratuites qui drainent en ville un public populaire qui aurait pu pousser l’ivresse jusqu’à des excès « révolutionnaires » contre le congrès et les congressistes. L’impopularité du pouvoir en place est-elle si grande qu’il ne puisse même plus se réunir sans un dispositif de sécurité digne des contre-sommets ?"

On retrouvera, avec profit, la suite de cet article sur le site Lundi matin


L'obscénité



J'ai été invité à voir, l'autre soir, à Aix en Provence (cette ville muée en surface commerciale géante) Cosi fan tutte, l'opéra de Mozart mis en scène par le cinéaste Christophe Honoré. Après trois heures de ce spectacle où des noirs sont violentés et humiliés au nom de la dénonciation du colonialisme faciste transalpin, j'ai pensé ceci :

- que le génie de Mozart se révèle aussi dans sa façon de n'abandonner aucune plume aux mises en scène les plus indigentes ;

- qu'à la conclusion de ces trois heures de spectacle, il m'est revenu en mémoire ce sketch de Pierre Desproges où celui-ci, brocardant Marguerite Duras, s'exclame : « Hiroshima, mon amour ! Et pourquoi pas Auschwitz, mon loulou ! ». Et de me demander si, dans quelques années, Cosi fan tutte ne se déroulera pas dans un décor restituant Birkenau ou un camp de la Kolyma. Décor où les fringants Guglielmo et Ferrando, vêtus en total look Hugo Boss*, lutineront Fiordiligi et Dorabella en molestant quelques prisonniers sur l'air de Donne mie la fate a tanti ;

- que, dans la nuit qui a suivi, m'est revenue en mémoire cette définition d'Annie Le Brun dans son ouvrage Si rien avait une forme ce serait ça : 

"L'obscénité n'étant pas en l'occurrence celle qui est traditionnellement bienséant d'accoler à la pornographie mais bien plutôt celle d'une rhétorique excellant à anéantir ce qu'elle célèbre comme à dénier ce qu'elle dénonce". 

* Rappelons qu'Hugo Ferdinand Boss, le fondateur de la marque éponyme, fut un adhérent enthousiaste du parti nazi et produisit les uniformes des SA, des SS ainsi que de la Wehrmacht.

Se vouer


8 count



from my bed
I watch
3 birds
on a telephone
wire.

one flies
off.
then
another.

one is left,
then
it too
is gone.

my typewriter is
tombstone
still.

and I am
reduced to bird
watching.

just thought I'd
let you
know,
fucker.

Charles Bukowski